mardi 22 juillet 2014

« Autruche - Seul animal officiellement doué de sens politique. » - Pierre Daninos

Nous avions mis sous le coude un événement qui nous en dit long sur l'art et la manière de conduire l'action politique, via un récent conseil communautaire. Au menu le plat de résistance se trouvait être des délibérations portant sur la fameuse piscine, qui un peu comme l'Arlésienne de Daudet faisait beaucoup parler d'elle, sans que l'on crût la voir un jour.

L'occasion était certainement belle pour un florilège de pensées profondes relatées par Var Matin, comme seuls quelques élus sont capables de nous en distiller, au fil du temps. A tout seigneur, tout honneur en matière de finances, puisque c'est bien de cela dont il s'agit, le Premier adjoint de la ville de Brignoles s'est ému, attention louable de notre point de vue d'administrés, de la capacité actuelle des communes à absorber d'éventuelles dérives dans la construction et l'exploitation future de la piscine. En effet, si tout le monde semble parfaitement convaincu de la nécessité d'avoir une piscine publique digne de ce nom dans notre région, les contribuables ne sont sûrement pas prêt à l'assumer, quel qu'en soit le coût. Pour rappel il devait être fait appel à l'autofinancement, aujourd'hui on nous parle d'une mobilisation de crédits de... 6 millions d'euros. Avouez que cela peut être perturbant. Sur ce plan nous ne pouvons que donner crédit (c’est le cas de le dire) à une légitime inquiétude d'élu responsable.

Las, tous les élus ne partagent visiblement pas ce point de vue si on en croit la réponse cinglante du Premier Vice-Président et Maire de Camps : "... Il faut être vigilant, mais ne pas faire peur à tout le monde". François Hollande en personne n'aurait pas dit mieux. En fait, l'essentiel si nous avons bien compris n'est pas de débattre et de mettre en place des contrôles et procédures appropriés, mais bien plutôt de "ne pas faire peur". Comme cela si vous courrez à la catastrophe un jour, vous aurez la décence et la courtoisie de le faire tranquillement, en silence et heureux ! Non mais des fois.
Nous avons également noté dans un registre différent, une intervention pertinente stipulant que c'était cela ou rien (entendez : pas de piscine au motif que l'intercommunalité réfléchissait depuis trop longtemps à ce dossier) ! Bravo, pour le niveau des délibérations au sein de la communauté de communes. Ajoutons pour faire bonne mesure, le mot de la Présidente et accessoirement Maire de Brignoles, qui possède un sens bien à elle des généralités, confinant parfois au vide sidéral : "mais la situation de la communauté de communes n'est pas comparable à celle de Brignoles. Je suis à peu près satisfaite...". Imparable, nous en restons hébétés de gratitude pour la justesse du propos et son apport indéniable au débat. Là aussi, foin de délibérations ennuyeuses et techniques, restons en état cérébral politique d’apesanteur qui vous donne un sentiment permanent de béatitude absolue.

Seul l'avenir nous dira qui avait raison, mais à ce stade nous pouvons quand même exprimer quelques inquiétudes sur la capacité réelle de nos élus à anticiper les difficultés et plus encore à y remédier, surtout quand on connaît la situation des piscines publiques couvertes dans le pays. Les communes n'ont pas toutes nécessairement des ressources confortablement extensibles, d'autant plus si elles sont comme Brignoles en situation de "grand danger", n'est ce pas pas Madame la Maire ? Nous n'avons donc pas été surpris d'apprendre que le Premier adjoint de Brignoles avait voté contre certaines délibérations. C'est bien le moins qu'il pouvait faire dans ces conditions en l'absence évidente, à la lecture de Var Matin, de réponses appropriées à des craintes qui ne nous semblent ni démesurément insupportables, ni injustifiées.

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