mercredi 18 juillet 2018

Voilà, c’est fait !

Nous ne pouvions manquer d’évoquer l’apothéose footballistique qui a emporté la France et Brignoles sur le toit du monde. L’affaire n’allait pourtant pas de soi quand notre guide suprême, lumière au milieu des ténèbres, paladin de la fulgurance, celui qui multiplie les petits pains, change l’eau en vin et le plomb en or, le mirifique Oui-Oui, transforma le Hall des expos en temple romain.
Déifier utilement nécessite d’exulter en chœur. En outre, la pâmoison produit de sympathiques effets hallucinogènes permettant de vous inviter grâce à votre pognon. Porté discrètement à la connaissance de nos petits bleus, l’acte salvateur les galvanisa. Le déclic qui s’en suivit doit incontestablement être publiquement porté au crédit de notre céleste illumination, une évidence. La suite vous la connaissez : et un, et deux, et trois et quatre à deux ! Si bien que vous le voyez désormais marcher sur l’eau du Caramy dès la nuit tombée. L’organisation prochaine de séances en place publique consistant à réaliser le « poirier » sans les mains tout en bénissant les fidèles, devrait encore accroître la popularité et la magnificence de sa sainteté.
Madame la Duchesse peut être fière, la visite inopinée de l’archange lui annonçant qu’elle porterait le messie brignolais lui arracha paraît-il ces prophétiques paroles : « Ouin-Ouin, c’est divin ! ». La messe était dite et le rosé tiré, il ne restait qu’à boire et communier. Après les scènes de liesse et d’allégresse, place à la componction et la prosternation. Même le plus analphabète des footballeurs tient dans un passement de jambe, le génie lui permettant de transformer un élu en dieu vivant, une citrouille en carrosse royal. Comprenant déjà que la récupération ne saurait se limiter à celle du ballon, Jacquot le craquant gagna 15 points de popularité en 1998, au lendemain d’une finale épique. Même cause, mêmes effets ? Pas si sûr ! Mais pour l’heure bien chères sœurs, bien chers frères, récitons le bénédicité et partageons le repas, à la sortie un tronc destiné au denier du culte attend vos généreux dons…

mardi 3 juillet 2018

Les politiques sont-ils intelligents ?

En février 2018 nous avons publié un texte en forme de prosopopée illustrant à merveille le cynisme politicien. Ecrit par Serge Carfantan, agrégé de philosophie, voilà un récit sans concession sur la machine à fabriquer des veaux heureux de leur condition. Le texte ci-dessous s’inscrit également, de notre point de vue, dans la droite ligne de la tradition philosophique des Lumières. Traquer la médiocrité partout où elle se niche est une épreuve sans fin. Jean-Michel Muglioni, également agrégé de philosophie, en est l’auteur. Ainsi la croyance populaire selon laquelle les politiques seraient intelligents ne résiste pas sérieusement à l’analyse ! Démonstration :
« Les publicités nous instruisent non sur ce qu’elles vantent mais sur la représentation que leur inventeur a de son public. De même le discours des politiques montre assez bien quelle idée ils ont de leurs électeurs, et généralement leur mépris du peuple. Mais leur prestation est plus encore révélatrice de leur véritable être, alors même qu’elle est destinée à le cacher. Des amis dont je ne doute pas de la culture ni même du jugement m’avaient presque fait croire que le directeur du Fonds Monétaire International, depuis lors accusé de viol et d’incapacité à résister à ses pulsions (comme on dit), était intelligent. Nous avons eu depuis la preuve irréfutable de sa sottise, et d’une sottise incroyable. Qui peut imaginer en effet qu’un homme intelligent abandonne toute autonomie et se laisse enfermer dans le discours de « communicants » ? Qu’eux-mêmes ne puissent que ravaler la politique au degré zéro n’étonne pas. Mais qu’une fois dans l’impasse où plusieurs affaires de mœurs l’ont conduit, un homme sensé croie pouvoir s’en sortir comme on restaure l’image d’une marque de lessive, une telle illusion en dit long sur l’état de son intellect. Rendons grâce aux dieux qui l’ont fait aller en quelques instants du Capitole à la Roche Tarpéienne. Mais que le discours entièrement factice d’un politique ait une vertu révélatrice ne signifie malheureusement pas la fin du règne des images. J’ai déjà rappelé dans ce blog (cf.: http://www.mezetulle.fr) qu’il faut avec Platon comparer une certaine rhétorique avec un trompe-l’œil qui fait passer l’image d’un lit peinte sur un mur pour un lit réel et la fait vendre, alors que tout le monde sait qu’on ne peut s’y étendre. La communication vend des fantômes et nous coupe du réel de telle sorte que nous ne pouvons plus rien comprendre. Et contrairement à ce que croient trop souvent ceux-là même qui les dénoncent, les fabricants d’images ne sont pas intelligents : de même que peindre un lit sur un mur ne requiert pas qu’on sache comment fabriquer un bon lit, de même la maîtrise de la communication - de la propagande – ne repose pas sur une compréhension de la réalité humaine et politique. Le fourbe paraît d’une intelligence supérieure et séduit, mais il n’est pas intelligent ; que son étrange habileté lui permette d’accéder au pouvoir suprême prouve l’aveuglement de ses complices et non sa clairvoyance. Ce naufrage de l’intelligence n’est pas un accident. Nous sommes en effet ce que font de nous notre mode de vie, c’est-à-dire d’abord les plaisirs et les peines qui déterminent ce que nous désirons ou ce que nous craignons, et nos vertus intellectuelles dépendent autant de nos mœurs que nos vertus morales : l’intelligence n’est pas la même selon qu’elle est animée par l’amour de la vérité ou sert l’avarice. Elle devient sagesse ou fourberie selon la nature de nos passions et d’abord selon la manière de vivre qui nous est imposée dès l’enfance (1). Ainsi, dans un monde où l’argent est le plus grand des biens, les hommes n’ont pas la même façon d’être et de penser que si autour d’eux la passion dominante est la guerre ou l’industrie : les fils de famille préfèrent la bourse ou les affaires non seulement au métier des armes mais à l’Académie des sciences ou à la magistrature ; les vocations deviennent rares. Et comme l’accroissement des richesses est la seule fin de la politique, les esprits les plus déliés sont inévitablement dévoyés. Quand le cours de la bourse est la première information sur tous les médias, quand la politique se fait ostensiblement à la corbeille, les plus brillants étudiants en mathématiques préfèrent mettre leur talent au service des spéculations financières plutôt que de la recherche, et l’on ne peut trouver de vrais politiques : les plus habiles, les plus admirés, ne comprennent rien à rien, et plus ils sont naturellement doués, moins ils sont capables de penser. »
A méditer pour les idolâtres, flagorneurs, quémandeurs, corruptibles, narcissiques et autres suceurs de roue.

lundi 2 juillet 2018

Des menaces ? Quelles menaces ?

De la satire et de la moquerie certainement. Pour paraphraser Coluche, nous arrêterons de le faire quand les politiques arrêteront de nous faire rire. Ce qui restera toujours plus agréable que d’avoir à en pleurer. Il était même encore plus féroce : « Le mois de l’année où le politicien dit le moins de conneries, c’est le mois de février, parce qu’il n’y a que vingt-huit jours ». Donc années bissextiles comprises !
Concernant le niveau, le lecteur est seul juge et sincèrement nous nous moquons comme d’une guigne des appréciations à ce sujet. Chateaubriand, Voltaire, Hugo, La Fontaine, Corneille (non, non, pas le chanteur) nous auraient fait cacher de honte dans un trou de souris, mais là nous ne craignons rien, mis à part que le ciel ne nous tombe sur la tête.
On pense nous connaître (tiens donc, une menace ?), peu nous chaut au point de s'amuser entre nous de cette terrifiante épée de Damoclès. Cela nous glace vraiment le sang. Il est évident qu’en choisissant l’anonymat nous avons aussi fait le choix d’une forme de retenue dans nos commentaires et divulgations… Elle ne se distingue peut-être pas, elle est pourtant bien réelle, compte-tenu des informations en notre possession. Nous non plus ne nous défilerons pas, chaque chose en son temps.
Pour le reste, nous n’avons pas davantage que d'autres l’intention de perdre notre temps à commenter les commentaires des commentaires. Quant aux électeurs, ils commentent dans le secret de l’isoloir (ou franchement pas) et n’ont certes pas besoin de nous pour cela.