mercredi 19 août 2015

Cumulard un jour, cumulard toujours !

Lorsque la récente loi sur le cumul des mandats s’appliquera dès 2017, les parlementaires ne devraient plus être maires, adjoints, présidents ou vice-présidents d’intercommunalité, de conseil départemental, de conseil régional ou d’un syndicat mixte. Les parlementaires fraîchement élus ou réélus et détenteurs d'un mandat exécutif local, auront très exactement un mois pour se mettre en conformité avec la loi. En outre la loi interdit de manière générale le cumul avec toute autre collectivité territoriale créée par la loi et impose l'exercice effectif du dernier mandat en date. En cas de démission d'un parlementaire, son suppléant le remplacera, ce qui devrait inciter les électeurs à redoubler de vigilance avant de mettre le bulletin dans l'urne. Un imposteur peut toujours en cacher un autre de plus grand...

Pourtant tout cela n'est aucunement acquis. La prochaine majorité au pouvoir pourrait abroger en un mois (pour ne pas se compliquer la tâche) cette loi « scélérate » du point de vue des cumulards. La Droite ne fait pas mystère, une fois revenue au pouvoir, qu'elle compte bien annuler les dispositions de cette dernière, à la grande satisfaction de ceux qui se paient sur la bête depuis des lustres et ils sont très nombreux (de Droite comme de Gauche). De toute façon le ver est déjà dans le fruit, il ne faut jamais oublier qu'en France on aime bien se payer les têtes. En effet le parlementaire pourra toujours rester conseiller municipal, départemental ou régional ! Certes avec des délégations éventuelles strictement encadrées, mais il continuera de régner de par son rang protocolaire, car on loue toujours les mérites de la République pour mieux apprécier ceux de la Monarchie. Il suffit pour cela de savoir s'entourer des meilleurs paillassons, sur lesquels s'essuyer commodément les pieds. Des paillassons trop heureux de l'être en donnant du sens à leur existence, n'en doutons pas.

Quand l'élu a goûté à l'argent public, au pouvoir qu'il confère et qu'il ne sait rien faire d'autre, si tant est qu'il sache réellement faire quelque chose de concret et d'utile pour son pays ou sa région, il ne peut plus s'en passer. Il gratte bec et ongles tout ce qu'il peut. Et la fin justifiant les moyens, peu importe le niveau des arguments tous plus pathétiques les uns que les autres. Nous n'aurons pas la cruauté de rappeler les quelques centaines d'euros grappillées pour assumer une présidence de communauté de communes, dont le montant ridicule ne doit rien à un quelconque geste altruiste, mais bien plus au plafonnement du cumul des salaires imposé par une autre loi « scélérate ».

Sous la troisième république seulement 1 député français sur 3 exerçait un mandat local, contre plus de 8 sur 10 aujourd'hui en moyenne. Pourtant pris individuellement, la comparaison de niveau s'avérerait vraiment peu flatteuse, voire humiliante, pour nombre de parlementaires d'aujourd'hui ! Aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Italie, en Espagne, en Allemagne, la proportion des cumulards varie de 0 à 25%, leurs citoyens sont donc moins bien gouvernés et administrés. Voilà un bel argument, quels étourdis nous faisons !

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