mardi 6 octobre 2015

« Une morale pour les aigles, une autre pour les pigeons »

Il l’a dit, il l’a répété, il l’a clamé haut et fort. Qui donc ? Monsieur oui-oui, le roitelet qui se sent pousser des ailes, pour autant simples moignons atrophiés de ses rêves de puissance. Quoi donc ? L’immobilier et lui, c’est le passé, de l’histoire ancienne… à tel point qu’il a créé depuis des sociétés à vocation philanthropique, qu’il inaugure en grandes pompes locales des bureaux à Saint-Maximin en présence de quelques noblaillons brignolais qui se bousculent pour lever hardiment le verre de la soumission indéfectible et pas si désintéressée. Paraître ou ne pas paraître, telle est la question…

Bienvenue dans ce magnifique « no man’s land » politico-juridique. Un territoire où peut-être plus que partout ailleurs, un député maire peut toujours exercer son métier initial en continuant de prospérer, avec un client « prestigieux » en situation de monopole de fait via des appels d’offres auxquels l’élu de la république participe directement ou indirectement ; où le président d’une institution publique majeure peut dicter sa loi concernant la très sensible et très convoitée commission des appels d’offre, avec la bénédiction des représentants de l’Etat et dans l’indifférence générale, en total mépris des textes de lois ; où l’on peut être à la fois directeur d’association subventionnée à coups de millions d’euros, élu de la collectivité qui subventionne, directeur de cabinet de collectivités publiques, gérants de sociétés et se verser un salaire de nabab ; où un promoteur immobilier à la tête de plusieurs sociétés immobilières sur la région peut être adjoint délégué à l’urbanisme sur ce même territoire, au développement (sic !) d’une collectivité, suppléant en embuscade à l’assemblée, au département, sur la liste des régionales et bien plus encore ; où le statut recherché « d'ami(e) » attribue de facto une vertu irrévocablement nécessaire et définitivement suffisante pour gérer et contrôler une collectivité publique ; où un autre député maire peut faire de la politique et ses déclarations de patrimoine, comme Monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir ; où aumônes et gratifications venues d’en haut sont directement proportionnelles au degré de courbure, de flagornerie et de soumission venues d’en bas (encore que sur ce point, il y a de croustillantes exceptions qui confirment la règle, nous le savons, mais laissons cela pour l’instant) ; où les plus nantis n’ont de cesse de quémander toujours plus leur part sonnante et trébuchante de récompense, en bons « Bourgeois de Calais » qu’ils n’ont jamais cessés d’être ; où la superficialité devient indéniablement le seul signe de ralliement et de reconnaissance qui vaille la peine d'être cité ; où au sein d’un même parti, la sincérité est de son côté quand le vice et la mafia sont de l’autre, en se couvrant de bisous et se congratulant à la première occasion ; où la seule information officielle dûment estampillée reste : circulez y’a rien à voir. Nous en passons pourtant et des meilleures.

Tout ceci reste parfaitement « normal » et codifié, ce n’est pas le saucissonnage des textes de lois et leur interprétation à géométrie variable, selon que vous soyez puissant ou misérable, qui nous contredira. De très bons avocats, profusion d’argent public ou non, des juges parfaitement solubles dans l’eau, conjugués avec une apathie et une crédulité généralisées sont un aspect des choses à ne surtout pas négliger. Tout le monde ne porte pas le nom d’un célèbre magistrat, auteur de cet édifiant ouvrage : « Une morale pour les aigles, une autre pour les pigeons ». A présent, devinez donc qui est qui !

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