jeudi 1 octobre 2015

Vous êtes prévenus !

Il semble qu’une véritable entreprise généralisée de mise sous contrôle de la presse et des journalistes, comme jamais par le passé, se mette en action façon rouleau compresseur. Et l’Europe, cette catin au service exclusif d’une oligarchie politico-financière enfoncera le clou, grâce à une directive opportune muselant d’autant mieux la presse. C'est pourquoi un collectif de journalistes publie un livre baptisé « Informer n’est pas un délit », afin de nous sensibiliser aux difficultés de plus en plus grandes rencontrées au cours de leurs enquêtes. Il s'agit ici de journalisme d'investigation, le reste de la profession étant pour l'essentiel composé de passe-plats, on ne peut que le regretter, mais c'est ainsi.

Rappelons que ce qui constitue l’essence même d’une information libre et indépendante, c’est l’assurance que son auteur s’astreint au principe de vérité et de ses obligations (vérifier encore et encore), le refus de se compromettre avec un pouvoir quel qu’il soit, l’ouverture systématique et en toute transparence d’une tribune contradictoire, de ne jamais perdre de vue pour qui elle est écrite (le citoyen) et qu’elle le soit en conscience (celle du journaliste) ! Ce qui n’enlève rien aux devoirs du journaliste vis-à-vis de ses écrits, car personne n’imaginera que ce métier ne recèle pas lui aussi son lot de malhonnêteté, de vice et de cynisme.

Si l’on considère comme George Orwell et que rappelle la journaliste Elise Lucet « Le journalisme consiste à publier ce que d’autres ne voudraient pas voir publier. Tout le reste n’est que relation publique », alors il y a fort à parier que ce journalisme là est en voie d’éradication. On le sait les méthodes pour décourager des journalistes « trop curieux » ou même les juges, voire les sources quand elles sont identifiées, sont aussi variées que minables (mais que pourrait-on attendre de différent de la part de minables). Intimidations, discrédits orchestrés, harcèlements, menaces de mort, balles expédiées par courrier, écoutes illégales, petits cercueils sur le palier, cambriolages, manipulations et retournements de collègues peu curieux ou peu scrupuleux, sont autant de possibilités bien réelles et employées sans états d’âmes. Rappelons cet épisode vécu il y a de cela plusieurs années, par une juge d’instruction bien connue, alors en opération de perquisition chez un fonctionnaire de l’Etat, qui avait eu la délicatesse de déposer sur son bureau et à son attention un revolver pointé en direction de la porte d’entrée, tellement il était sûr de son impunité la plus totale…

Les politiques se plaignent auprès d’oreilles bien trop complaisantes de l’acharnement des juges et des journalistes, mais quand on sait que certains ou leurs proches, sont visés par des dizaines d’enquêtes, que la grande majorité ne verra jamais l’ombre d’une condamnation ou de manière tellement ridicule, on se dit que ce n’est pourtant pas assez. D’ailleurs comment interpréter la dernière pépite de Patrick Balkany « J’exerce mon droit au silence », au juge qui lui présente une preuve directe qu'il est bénéficiaire d'une société domiciliée dans un paradis fiscal ? Sans parler de la mise à jour de la vente d'une nouvelle villa de luxe dont il était propriétaire, derrière un montage savamment opaque, mais visiblement pas encore suffisamment. Sachant que cette déclaration n’a strictement aucune valeur en droit français, sauf à se moquer ouvertement du juge. N'oublions pas que le classement de guerre lasse de certaines affaires ayant jalonné l'histoire du Var, a plus à voir avec la difficulté des juges ou des journalistes à exercer leur métier, qu'au manque d'informations et d'éléments de preuves. 

Aussi l’abandon programmé de la lecture et de l’esprit critique par les plus jeunes, au profit de plaisirs plus immédiats mais éphémères, la peur du lendemain et de perdre ce qu’ils possèdent des plus anciens, un fatalisme mortifère bien en phase avec un désir de paix sociale à n’importe quel prix, risquent fort de donner raison à un pouvoir qui par certains côtés, se rapproche de plus en plus dangereusement des dérives mafieuses. A moins que Non, cela ne dépend que de nous !

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