jeudi 15 septembre 2016

Où il est question d’un paon et d’un chien.

Une fois n’est pas coutume, la prose n’est pas de nous, mais d'une personne lucide et avisée, nous l’avons volontiers fait nôtre !

Un paon au plumage défraîchi, s’en vint loin de chez lui, assujettir nouvelle contrée. « Chers amis, voyez comme mes plumes sont belles et longues. » A ces mots, un éventail multicolore jaillit de sa croupe. « De ce rempart, je ferai écran et vous protégerai. » Les animaux de la basse-cour écoutaient, attentifs et curieux, les belles paroles de l’étrange oiseau.
Fidèle à ses congénères, veillant à leurs intérêts, le chien inquiet de cette surprenante venue, ne pouvait imaginer voir prospérer tant d’imposture. Car éblouis par un plumet du plus bel effet, poules, coqs, pintades, dindes et dindons hypnotisés, ne juraient plus que par le paon. Oublié, le travail du chien, oubliées, son énergie et sa droiture au service de la basse-cour. Les ingrates volailles se rangèrent derrière le paon, dont les promesses ici, ne peuvent être dites.
« Nous ne voulons pas du chien, il est intègre, intelligent, avec lui nous ne pourrons faire ce que l’on veut ! » glougloute un dindon. Entendant ces paroles, le paon bouffi d’orgueil mais madré, démontra que le chien conservait son utilité. Car bien que peu populaire au sein du poulailler, il avait le soutien des autres animaux. « Suivez-moi, afin que la ferme redevienne prospère et retrouve son éclat d’antan, ne nous séparons pas du chien, je vous aime tous ! » brailla le paon. « Mais paon, tu ne nous connais pas ! Comment peux-tu nous aimer ? » hennit le cheval peu convaincu. « Je vous aime, cela doit suffire. »
« Nous connaissons notre ami le chien, nous l’avons vu grandir, il s’est occupé de nous, il a veillé à nos intérêts, il est honnête, sérieux et compétent. Il nous parle à tous » bêle alors la chèvre. « Il ne pense qu’à ses intérêts, je vous somme de me croire » continue de brailler le paon. Ce dernier de se tourner alors vers les gallinacés : « N’est-ce pas que j’ai raison ? » se trémoussant sur-le-champ en agitant son plumage multicolore. Et la basse-cour d’acquiescer en grand émoi, caquetant par ici, cacabant et glougloutant par là ! Au final, moult animaux contentés ou de guerre lasse, se rassemblèrent derrière le paon et la promesse d’une place de choix pour le chien. La ferme bruissait déjà de la rumeur d’un départ anticipé du paon et le plumet de cet animal ne faisait guère illusion, en dehors d’un entourage de volatiles magnétisés.
Quand une nuit, le renard qui n’avait rien perdu du manège du paon, par l’odeur alléché, s’en vint rôder dans les parages de la ferme. Il ne mit guère de temps pour s’introduire dans le poulailler, tout émoustillé à la joie de ne faire qu’une bouchée des stupides créatures. L’alarme fut donnée : « paon, au secours ! » mais point de retour en écho à ces cris affolés, « paon, au secours ! » Une poule sceptique quant à l’arrivée prochaine des secours, s’en alla quérir le chien de toute urgence. « Le chien, sauve-nous de ce désastre, tu nous connais tous ! Toi seul peut assurer notre quiétude et notre sécurité. » Echaudé, le chien fit mine de ne pas entendre. Se rappelant que le poulailler s’était détourné de lui, il ne voyait donc pas pourquoi aujourd’hui il devrait le sauver. « Le chien, nous avons confiance en toi, tu t’en es toujours montré digne » persévéra la poule. Touché, le chien ne put s’empêcher d’intervenir, point de créature ne devrait avoir à souffrir des fautes irrémissibles d’un paon.
Las, au petit matin, le paon fidèle à ses habitudes se pavanait, dédaignant comme à l’accoutumée les faits de la nuit. Toutefois, rien ne serait désormais pareil, le poulailler sortant de sa torpeur, reconnaissait le courage et le mérite du chien. Le paon fut donc prestement congédié, le chien reprit sa place au sein de la ferme et le renard s'avisa que le coin était devenu par trop inhospitalier, pour de misérables convoitises. Les volailles apprirent à leurs dépens, mais un peu tard que du paon, il n’y a que la robe qu’on salue !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire