lundi 3 octobre 2016

"Je suis victime d'une campagne de discrédit"

Combien de fois avons-nous entendu ce vieux marronnier pour élus en mal d'inspiration ? Une "campagne" sous-entend l'évidente organisation d'un complot, ne négligeons rien. L'effet comique avec cette posture archaïque, c'est le fait que les élus brocardent régulièrement les théories du complot, souvent à raison, parfois à tort, pour mieux discréditer aux yeux des administrés, des adversaires n'obtenant pas un accès aussi facile aux médias institutionnels. En revanche quand la théorie du complot peur servir leurs propres intérêts, plus question d'avoir le moindre scrupule, la fin justifie les moyens. Si la technique éculée consistant à instiller le doute dans des esprits, peu au fait des réalités du monde politique, s’essouffle avec l'avènement des réseaux sociaux et des lanceurs d'alerte, elle garde la préférence du monde politique. Nul besoin, comme il y a 30 ans, de lancer un contrat sur une tête dérangeante, la bêtise et la naïveté collectives annihileront toute velléité de faire passer le droit et la justice, tout en minimisant les risques encourus.
"Ambiance lourde et délétère" ajoute le maire de Tourves : sans surprise ce sont évidemment les autres, les coupables. Il se trouve que dans les communes voisines, Brignoles, Le Val, la même ambiance lourde et délétère sévit. Il se trouve que dans ces communes, le premier magistrat et un cercle restreint d'affidés cristallisent sur eux, un certain dégoût pour ne pas dire un dégoût certain de la politique. Bien sûr, à Brignoles les élus ont été trié sur le volet pour jouer les (in)utilités, avec une palette plus importante de moyens permettant d'acheter au besoin des consciences encombrantes. Un départ éventuel de fronde est donc mieux contenu.
"Trop flic, pas assez élue" aurait reproché le bellâtre à une de ses adjointes. Inutile de se demander pourquoi le FN obtient tant de voix dans ce département. Un élu municipal devrait justement être choisi pour son intégrité, sa compétence, sa loyauté, non pas envers la tête de liste, mais envers les électeurs qui votent pour cette liste ! Une compréhension trop subtile, semble-t-il, pour un grand nombre de courtisans, de flagorneurs et de quémandeurs en tout genre. Il semble étrangement que dans ces communes, les mêmes causes produisent les mêmes effets... Qui l'eût cru ?
Tant de suffisante insuffisance ne saurait manquer de nous émouvoir, au point de proposer quelques idées utiles à l'enfumage des esprits : "Je dérange le système ? Tant mieux, ce qui compte ce sont les habitants de..." faux cul à l'extrême, mais on n'attrape pas les mouches avec du vinaigre. Variante : "Mon projet dérange ? C'est parfait !" moins prétentieux, plus passe-partout. Ne pas sous estimer les effets du classique complot "anti-machin". "Les chiens aboient et la caravane passe" garde ses partisans, prêts à voler au secours de la vertu outragée (prière de garder son sérieux). Ou alors le panache : "Ceux qui pensent m'atteindre doivent savoir qu'ils se décourageront avant moi". Nous ne saurions recommander l'emploi périlleux du "roulage de mécaniques, jambes écartées" à grand renfort de testostérone, car il laisse un arrière-goût persistant d'abrutissement. Pour les puristes, le très solennel : "On ne recule pas, même devant la bassesse, même devant l’outrance, même devant la calomnie, même devant la trahison" ne manque pas d'audace, afin de jouer à front renversé. Enfin l'ultime recours, "la pétition des fidèles", permet de mesurer sa notoriété, à l'inverse en cas d'échec, c'est la honte. Bien que même la honte en politique, soit une notion toute relative.
Comment oublier ensuite, qu'une bonne consanguinité entre politiques et médias officiels suffit pour faire rentrer dans l'ordre les plus récalcitrants. Demandez la recette à Brignoles, rien ne résiste à une longue et vieille amitié...

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